Fils d’Érèbe (l’Obscurité) et de Nyx (la Nuit), Charon (pron. : [karɔ̃] « karon ») est le nocher (le pilote de la barque) des Enfers dans la mythologie grecque. Sur les marais de l’Achéron, il faisait traverser le Styx, contre une obole, aux âmes des morts ayant reçu une sépulture.
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Attablés autour d’un bon repas familial, filles, fils, petites filles, petits fils et ma mère étions toutes ouïes aux anecdotes de mon père dont on est si friands mais qu’il ne raconte malheureusement que rarement. A son âge il peut se permettre de raconter certaines frasques de sa tumultueuse jeunesse.
Une en particulier m’a bien fait rire, il s’est tourné vers ma mère et lui a dit de but en blanc devant nos rires amusés et nos yeux écarquillés :
« Tu te souviens quand je te disais que je ne pourrais pas rentrer certains soirs, que j’avais une commande importante à préparer ? Eh bien je partais à l’aéroport Houari Boumediene, j’y garais ma voiture, prenais un billet et allait passer la soirée à Paris. Je rentrais le lendemain comme si de rien n’était. »
On n’en revenait pas !
Cela se passait durant les années 70. Années ou l’Algérien arborait fièrement son passeport vert aux postes frontières du monde entier. Il faut dire qu’il y avait de quoi, quand on sait que ce précieux sésame a été nouvellement et chèrement acquis après 7 ans et demi de guerre et au moins 8 millions de victimes durant les 132 ans de colonisation.
Ces jours-ci, les fake-news sur les harragas algériens se sont intensifiés sur internet. Elles sont alimentées et amplifiées à l’extrême par nos voisins belliqueux qui n’ont de cesse de transposer leur misère sur notre pays et grâce à leur nouvelle alliance, pour le moins incestueuse et contre nature, ont appris l’art de l’inversion accusatoire qu’ils déversent par giga-octets sur les réseaux sociaux algériens.
Nos voisins nous ressortent d’anciens articles sur les pauvres réfugiés Libyens fuyant la guerre, leurs propres harragas quittant leurs rivages et même un cortège d’embarcations qui étaient en fait un joyeux et original cortège nuptial en Algérie. Leur but, faire croire que cela se passe, aujourd’hui, chez nous et à l’échelle d’une industrie navale qu’on est loin de posséder malheureusement.
Ils essaient aussi de dénigrer notre passeport qui ne sert à rien selon eux, attaquant à travers lui l’existence même de notre nation. Ils pensent nous convaincre que le patriotisme et l’amour du pays sont indexés sur la capacité d’un document de voyage. Peut-être est-ce le cas chez eux, mais pas au pays des un million et demi de martyrs.
Je ne vais pas m’étaler sur les malheurs de leur propre peuple soumis par la monarchie prédatrice usurpatrice d’une généalogie qui n’existe même pas et par leurs généraux maffieux avec qui le feu précédent monarque avait dû conclure un pacte de non-agression mutuel. Il a mis une grande partie de l’économie du royaume sous leurs bottes.
Le phénomène harraga existe bien sûr en Algérie, mais pas dans les proportions qu’on nous présente. Posons-nous les bonnes questions sans faire appel à nos sentiments ou à notre empathie.
Pourquoi les harragas traversent-t-il ?
Pour aller de l’autre côté tout simplement.
Pourquoi veulent-ils aller de l’autre côté ?
Certains, pour des raisons inavouables fuient le pays. D’autres, recherchent un changement dans la monotonie de leur vie ou pensent réellement que l’herbe sera plus verte de l’autre côté. D’autres encore pour des raisons tout à fait valables et propre à eux.
Qu’est-ce qui les empêche de faire cette traversée légalement ?
L’imposition de visas de plus en plus difficiles à obtenir, par l’Europe en général et la France en particulier.
Ces pays les utilisent, afin de mettre la pression sur notre gouvernement et imposer une certaine direction à notre politique économique. Ils exacerbent notre jeunesse qui n’a pas réussi localement ou qui veut tenter sa chance ailleurs pour l’utiliser contre son propre pays et servir ses intérêts.
L’article 13, alinéa 2 de la déclaration universelle des droits de l’Homme stipule :
Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.
Les soi-disant pays des droits de l’Homme qui nous oppriment, en nous privant de cette liberté, considéreraient-ils que la liberté d’expression qu’ils s’empressent de défendre chez nous avec acharnement et au mépris de notre souveraineté nationale est plus importante ?
Sans visa, ces jeunes se déplaceraient entre les deux rives des continents à leur guise et ne s’éterniseraient surement pas ailleurs s’ils ne se font pas vite un début de situation. Ils retourneraient dans les jupes de leurs mères à la première difficulté, surtout au vu du profil empressé et oisif de ces jeunes marins d’eau douce.
Pendant la ruée vers l’or, ce ne sont pas les chercheurs d’or qui se sont le plus enrichis, mais les vendeurs de pelles et de pioches.
On nous dit aussi qu’il y aurait des réfugiés économiques dans le lot. A 80 millions de centimes le candidat, on a du mal à le croire. En y ajoutant l’argent de poche qu’ils emmènent avec eux, cela constituerait un très bon pécule de départ pour tout jeune vraiment téméraire et entreprenant.
Je vous laisse faire le compte vous-mêmes par embarcation, les malheureuses pertes humaines ne seront même pas considérées par les vils passeurs comme des pertes dans leur livre comptable car le profit est déjà assuré.
Ils sont les dignes descendants de Charon dont le seul souci est de leur soutirer cette obole au risque de ne pas les mener au bout de la traversée, les abandonnant errant dans les abimes sans atteindre le repos éternel.
La communauté algérienne résidant à l’étranger et notamment en France, pleure tous les jours ces harragas et accuse unilatéralement le gouvernement algérien.
Au lieu d’insulter et d’infantiliser le Peuple Algérien d’Algérie, qui a montré sa maturité, en demandant l’ingérence internationale pour le « libérer », ils devraient plutôt mettre la pression sur les autorités de leur pays d’adoption pour imposer la levée de ces « sanctions » car c’est bien de cela qu’il s’agit.
Nous sommes malheureusement un des rares pays dont la diaspora est utilisée contre lui-même au lieu de constituer une force de pression sur le pays d’accueil pour servir ses propres intérêts.
Pour en revenir à mon père quand il a avoué ses méfaits de jeunesse, ma mère a eu une réponse toute aussi drôle : « Je le savais, je l’ai toujours su… »
Bonjour l’ami, toujours un plaisir de te lire
Je crois que les réponses aux “bonnes questions” sont un peut superficielles/légère. On ne risque pas sa vie et lasser sa famille derriere juste parcequ’on veut “aller de l’autre coté” les raisons … c’est a 90% economique. Je discutait une fois avec un etudiant Americain en droit et un de ses profs une fois lui a dit: “ si la reponse a ta question n’est pas “argent” c’est que tu ne pose pas la bonne question”
L’Algerie est la perdante ( a mon avis) en imposant des visas aux etrangers qui peuvent etre une source de revenus que ca soit par leurs investissements ou tout simplement tourists. On ouvre les frontiere parcequ’on veut l’argent que va apporter ces gens qui vont debarquer chez nous, malheureusement les Algeriens (en majorité) ne cochent pas cette case des criteres de selection.
Dans le cas de ton père, il faut noter que le Franc Francais et le Dinar etaient a parité, on achete en France comme en achete en Algerie, pas be soin de penser au cours des devises. Le pouvoir d’achat etait bon et c’est ce qui a fait que ton pere pate juste pour la soirée et non pas penser a rester la bas car les conditions economiques etaient favorable en Algerie.
On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre! On ne peut pas rester fermé sur le monde (sous pretexte que ca touche a la souveraineté de notre pays) et vouloir faire bouger notre economie. Ce n’est pas en restant figé sur notre position et no idéaux qu’on pourra faire face aux nouveaux challenges du 21e siecle
Merci cher ami pour ton analyse.
Je suis en partie d’accord avec toi, mais il se trouve que les européens et la France en particulier ne pratiquent pas le gagnant-gagnant dans leurs relations avec l’Afrique. Pourquoi l’Algérie ferait exception ?
Il est clair que s’enfermer ne peut pas être bénéfique ni pour nous ni pour eux.
Voyager sans restrictions ce rêve utopique et irréalisable… Surtout quand le quotidien de l’homme est dicté par les intérêts…je voulais dire les lois des hommes faites pour dissuader…. Nous privant d’un enrichissement incommensurable sur le plan humain. Merci pour ce bonbon littéraire.
Heureusement que notre pays est assez grand pour qu’on puisse y voyager, changer d’air et de climat. C’est un continent !